L'Assemblée nationale et le gouvernement s'engagent à ouvrir les cahiers de doléances !
- Sylvie Alphandéry
- 13 mars
- 4 min de lecture

"Ces cahiers qui contribuent sans nul doute à une part de notre avenir"
C’est ainsi que Marie Pochon, députée écologiste de la Drôme a rendu hommage aux centaines de milliers des rédactrices et rédacteurs de Cahiers de doléances, en présentant ce mardi 11 mars à l’Assemblée nationale la résolution transpartisane pour rendre publics et facilement consultables les cahiers de doléances et de propositions, déposés aux archives nationales.
Cette résolution a été votée à l’unanimité par tous les députés présents, concrétisant ainsi dans l’hémicycle une demande populaire portée depuis des années (notamment depuis 2020 par l'association Rendez les doléances !)
Nous ne pouvons que nous en féliciter, mais nous savons aussi qu’il y a un grand pas entre l’effet d’annonce et la réalité des faits.
Pour l’instant, le ministre chargé des relations avec le parlement, Patrick Mignot, a annoncé une phase de test, qui permettra entre autres de vérifier l’efficacité du traitement d’anonymisation des cahiers et d’estimer, d’autre part, le coût de ce traitement. Par les temps qui courent, on peut émettre quelques doutes pour que ce bel engagement voté par la représentation nationale, voit le jour rapidement.
Heureusement, le Mouvement des Cahiers n‘a pas attendu ces annonces pour commencer à travailler. En effet, outre l’ensemble des Cahiers numérisés déposés aux archives nationales et inaccessibles au plus grand nombre, les cahiers écrits manuellement, ou en ligne, localement ont été déposés aux archives départementales.
Dans les régions, de nombreux groupes locaux se sont rendus dans les services d’archives, ont commencé à anonymiser les Cahiers, voire à les recopier, en collaboration avec le personnel présent.
Tous les mois, de nouveaux groupes de travail se créent, prennent connaissance des Cahiers et rédigent des synthèses à leurs propos. À partir de ces propositions, commencent à circuler des expositions, des pièces de théâtre, des initiatives de crieurs de rue qui rendent facilement accessibles aux yeux d’un large public le contenu des Cahiers.

Le mouvement des Cahiers est en train de naître.
Nous nous inscrivons pleinement dans cette dynamique mais il nous fait aller plus loin et c’est ce que propose notre association « Les Cahiers pour décider et agir » : un débouché politique aux cahiers de doléances.
Il nous faut contribuer, dès maintenant, à mettre en œuvre ce qui est proposé dans la grande majorité des cahiers, et sur l’ensemble du territoire : plus de justice sociale et fiscale, une transition juste et surtout une pratique démocratique élargie portée par un grand nombre de citoyennes et citoyens. Ceux-ci doivent être associés à la prise des décisions qui les concernent. Citoyens et élus peuvent travailler ensemble pour définir ce qui pourrait changer leurs conditions de vie et qui est très bien décrit dans les Cahiers.
Ainsi, nous proposons, d'abord au niveau communal, d’organiser des assemblées délibératives et décisionnaires qui permettent à des élus, des citoyennes et citoyens tirés au sort et d'autres acteurs d'un territoire de décider ensemble d'actions venant apporter des réponses de terrain aux doléances. L’échelon municipal est un premier pas ; de nombreuses propositions dépendent de décisions prises à l’Assemblée nationale, il nous faut trouver comment les mettre en œuvre, ce sera l’objet de propositions futures.

"Ce n’est pas nouveau", nous dirons certains. Et pourtant si, c’est inédit. Oui, il est inédit de généraliser ce principe consistant à faire travailler ensemble citoyens et élus à une prise de décision collective qui se nourrit des doléances et va jusqu'à la phase de rédaction de la décision, avec une garantie que ce qui aura été décidé collectivement sera effectivement appliqué. Car c’est là toute la question : d'ordinaire, quelle est la mise en acte effective des décisions ?
Contrairement aux trop nombreux exercices de démocratie participative consultative, la méthode que nous avons élaborée permet d'impliquer élus, citoyens et services municipaux compétents autour d'une véritable décision. L'expérience prouve que dans des assemblées de ce type, émergent des décisions d’intérêt général. Nous y reviendrons…
Il nous faut tirer les leçons de la Convention Citoyenne pour le Climat : les mesures, pourtant élaborées avec grand sérieux par les participants à cette assemblée, n’ont pas été suivies d’effet, puisque Emmanuel Macron les a balayées, malgré les engagement pris.

Pour nous, il ne suffit pas de rendre publics les cahiers, il faut entamer l'exercice d’une démocratie en acte, qui, à partir des propositions contenues dans les cahiers, transforme réellement la vie des gens : nous proposons d’autres façons de faire de la politique, qui rendent les citoyennes et citoyens acteurs de la transformation de leurs conditions de vie. C’est le sens de la proposition de créer des assemblées délibératives et décisionnelles comme débouchés politiques aux doléances contenues dans les cahiers.
L’acte d’écriture et d'ouverture des cahiers est un premier pas vers une démocratie en acte. Nous appelons toutes celles et ceux qui s'y reconnaissent à écrire le 2ème acte du mouvement des Cahiers : changer la vie !

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